À propos de l’auteur
Muriel Combes a écrit les études les plus complètes sur la recherche de Gilbert Simondon. Sa thèse: “La vie inséparée” part à la recherche d’une pensée de la biopolitique en proposant le principe relationnel de la transindividulité comme ancrage possible de l’articulation d’une résistance. Muriel Combes s’interroge sur le tournant pris par la pensée de Foucault entre 1973 et 1981, alors qu’il ne poursuit pas le champ d’investigation du bio-pouvoir énoncé en 1973 et après une pause de 8 ans dans l’écriture de son histoire de la subjectivité développe sa pensée autour d’une histoire de différentes formes de subjectivation.
Sources
- La vie Inséparée, ed Dittmar, (Paris) 2011, ISSN 0950-2386 (Muriel Combes, 2011)
La vie Inséparée
Il ne s’agit pas tant d’une analyse des structures et des fonctionnements historiques du pouvoir, mais bien de La proposition est de susciter une nouvelle imagination politique (p.77, p.79…) Si les analyses généalogiques de Foucault produisent bien des effets de vérités actualisés dans le présent, il est moins clair la manière dont ces analyses peuvent nourrir et structurer les luttes et résistances en cours. (p.81)
Sujet et Subjectivation
[…] il semble bien pourtant que Foucault éloigne progressivement sa tentative pour penser le sujet à l’intérieur des d’une problématique des processus de subjectivation, de la problématisation des formes des subjectivations collectives (éloignement dont on peut voir un symptome dans l’abandon lors de la réécriture de l’entretien pour l’édition française, des exemples de formes de résistance de groupes religieux au pouvoir pastoral, qu’il avait donné dans la discussion de 1983 avec Dreyfus et Rabinov). Faut-il voir là un effet de la place accordée au concept de “soi”, peut-être inadéquat pour penser jusqu’au bout une réalité subjective relationnelle? Celui-ci ne constitue pas un obstacle pour penser pour elle-même la zone relationelle mise en oeuvre dans tout processus de subjectivation? L’approche du sujet donnée par Foucault est-ell à même de donner à comprendre ce que peut-être la capacité politique d’une vie qui résiste au pouvoir?
Vie et pouvoir
À supposer avec Agamben que le pouvoir, dès lors qu’il prend pour objet la vie des individus et des populations, vise à produire une vie nue, celle-ci ne peut-être qu’une limite, un point critique, pour un pouvoir dont le mode d’exercice est, pour reprendre l’expression de Foucault, l’action sur des actions, car la vie sur laquelle un bio-pouvoir à prise, est une vie toujours informée, une vie capable de diverses conduites, et pour cette raison, toujours capable d’insoumision. (p.90)
Résistance
Il s’agit donc de poser la relation entre pouvoir et résistance comme corrélaires et co-constitutives, mais la résistance est première. Le pouvoir ne pourrait exister sans elle, le pouvoir a besoin de la liberté, il se nourri de liberté. La resistance quant à elle, bien qu’existant en tant que potentialité, se constitue dans une multiplicités de champs distribués : « le noyau du pouvoir ne doit pas être cherché du côté d’“une vie nue” » (Agamben). La zone de consistance du pouvoir ainsi conçue, est plutot à chercher du côté du sujet comme champ de possibilités, champ d’actions pour une multitude de conduites à inventer. (p.88)